★ you have to answersi tu es un templier : Sa défunte mère faisait partie des templiers. C'est donc tout naturellement qu'elle a suivi ses pas. Si plus jeune il lui est arrivé de douter des méthodes plus ou moins radicales de l'ordre, elle a fini par adhérer à ses idéologies. En effet, Nine serait prête à sacrifier beaucoup pour faire prévaloir les desseins des templiers. Suite au décès de son père, mademoiselle Dunhill s'est d'ailleurs retrouvée à la tête d'un empire de plusieurs milliards de dollars. Dunhill Corp. Un empire que la blonde met volontiers à disposition d'Abstergo Industries si besoin est. Quant aux assassins, honnêtement, elle les apprécie bien... Surtout quand ils sont morts. Inutile donc de préciser que plus elle en scalpe, mieux elle se porte. Autant le dire, Nine n'est pas réputée pour faire dans la dentelle : que sa cible soit un homme, une femme, un adolescent, un enfant ou un vieillard, si celle-ci menace la cause, elle périra de sa main. Et maintenant que son père est six pieds sous terre, elle n'a plus besoin de mentir à son entourage sur la "face cachée" de sa vie... Pour la simple est bonne raison que son père constituait le seul entourage qu'elle ait jamais eu. Du moins, si on ne compte pas ses compagnons d'armes, eux-mêmes templiers, et par extension sa mère, morte elle aussi.
★ let me read you
La blonde était assise dans un large fauteuil en cuir. Les flammes de la cheminée dansaient devant ses yeux vitreux. Une nouvelle urne funéraire venait de s'inviter aux côtés à l'ancienne. Là. Sur sa foutue cheminée. Des larmes roulaient le long de ses joues mais son visage demeurait étrangement de marbre. A un certain point, elle se surprit même à lâcher un rire. Que lui restait-il à présent ? Ces maudits assassins lui avaient arraché sa mère... Et maintenant, voila que la maladie venait d'emporter son père, la laissant seule. Seule avec sa haine. Seule avec la volonté des templiers, son unique héritage maternel. Seule. Son verre de scotch se brisa sous l'emprise de ses doigts. La rancœur grandissait. Grondait en elle tel un orage. La blonde était déchirée. Déchirée entre la rage et la douleur de ses souvenirs. La jeune femme voyait encore sa mère l'appeler du haut de l'escalier. "Charlie". Nine esquissa un faible sourire puis jeta les débris de verre dans le foyer. Elle serra le poing avec fureur, laissant le sang ruisseler parcimonieusement sur la moquette. Ce jour-là, elle jura de venger sa mère avant que Huntington ne l'emporte à son tour.
★★★
Quelqu'un tambourinait bruyamment à la porte, probablement pour prendre des nouvelles de la blonde. Elle n'avait plus donné signe de vie depuis plusieurs semaines. Elle trainait. Trainait comme une loque dans son l'immensité de son appartement. Elle ne souhaitait voir personne pour l'instant. La jeune femme ne voulait pas de la pitié des autres. Elle devait se remettre de ses émotions avant de retourner dans la réalité. Cette cruelle réalité.
« Charlie, je sais que tu es là. Alors tu vas me faire le plaisir de lever tes fesses de morue pour venir m'ouvrir cette foutue porte. » Elle aurait cru qu'il se pointerait plus tôt celui-là. Son "meilleur ami" paraitrait-il. Le seul qui l'appelait encore Charlie d'ailleurs.
« Laisse-moi crever en paix connard. Et c'est toi la morue, d'abord. » Cria-t-elle à l'attention de son pote, toujours à la porte. Entre eux régnait un amour fou... Un amour vache surtout.
« Rassure-moi, tu vas bien au moins ? » C'était tout lui ça. Il ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter pour Nine alors qu'elle le traitait -presque- toujours comme de la merde. En même temps, il le lui rendait bien.
« Tu veux savoir si je me suis tailladée les veines dans un élan de désespoir ? La réponse est non, Phineas. Je m'aime trop. Maintenant que tu as eu ta réponse, tu voudrais pas aller t'acheter une vie au lieu de pourrir la mienne ? » Il continuait de marteler la porte et menaça de la défoncer. Elle ne bougea pas de son canapé, observant vaguement les lignes de son plafond. Au bout d'une dizaine de minutes sans réponse, il défonça effectivement la porte. Il la força à s'assoir et prit place en face d'elle, posant au passage un dossier sur la table basse.
« J'espère que ça en vaut la peine. Parce que tu viens quand même de défoncer ma vingt-deuxième porte de l'année. Ça commence à me coûter cher. » Un de ces jours, elle se ferait installer une porte blindée... Ou alors elle lui donnerait un double des clés.
« Un seul mot : Ross. » Elle haussa vaguement des épaules, signe qu'elle ne savait absolument de quoi il parlait. Phineas eut l'air momentanément désespéré par son manque d'intérêt.
« L’assassin de ta mère. » ★★★
Elle pénétra dans ce qui semblait être un club de striptease et s'installa nonchalamment sur un canapé parmi d'autres. Regarder des catins se dandiner autour d'une barre ne l'intéressait pas le moins du monde, mais la piste l'avait conduite ici, dans cette boite miteuse. La blonde traquait un assassin depuis plusieurs jours. Un certain Ross. Aucun visuel, seule une longue trainée de templiers morts précédait ce personnage. Ce Ross. Au moins, ce n'était pas un rookie. Cette partie de chasse s'annonçait donc un minimum intéressante. En fait, à bien y réfléchir, il n'y avait rien de plus logique que de chercher un homme dans un club de striptease... Elle leva les yeux au ciel à cette constatation. Les mâles étaient définitivement tous les mêmes. Quelle sordide réalité. Ses orbes bleues balayaient discrètement la salle tandis qu'elle faisait mine de se laisser entraîner par l'ambiance. La jeune femme se fondait peu à peu dans le décor. Elle affichait désormais un sourire aussi carnassier que ses voisins pervers du public. Si elle avait atterri ici, quelqu'un devait forcément avoir une petite information à cracher sur sa cible. Il fallait simplement se montrer patiente. Observer. Scruter. Une des "artistes" faisait un tour parmi les spectateurs, jouant de ses formes pour récolter quelques billets verts. Le barman confisquait des clés. Les videurs foutaient des alcooliques au bord du coma éthylique à la porte. Les lumières avaient de quoi provoquer des crises d’épilepsie. La musique explosait les tympans. Ça empestait la sueur. Rien de trop anormal jusqu'à présent, se plaisait-elle à penser. La danseuse s'approcha finalement de la blonde, se collant salement à elle tout en ondulant lascivement en rythme. Bon. Pourquoi pas. C'était une source d'informations comme une autre. Elle haussa des épaules et fit mine de s'intéresser à la fabuleuse créature, lui glissant quelques mots sensuels à l'oreille avant de s'éclipser.
Nuit. Rencontre. Club. Danseuse. Blackout. Elle se retrouvait menottée à une chaise, mains et pieds liés. La jeune femme cracha hargneusement du sang. Elle jura. Son crâne lui faisait un mal de chien. Son esprit chancelait presque. Elle s'était faite avoir comme une grosse merde. Mais son visage reprit un minimum de contenance lorsqu'une silhouette s'afficha dans l'encadrement de la porte. Elle ne voulait pas lui donner ce plaisir, impassible et fière qu'elle était.
« Ross, j'en déduis. » En pariant sur un homme, la blonde était partie perdante dès le départ. Elle décida d'étoffer un peu la discussion. Le temps qu'elle réussisse à se libérer de ces foutues menottes.
« Contente de pouvoir enfin mettre un visage sur ce nom. » Nine afficha un sourire splendide, tout en essayant discrètement d'ouvrir la trappe de sa montre. Encore heureux qu'elle n'ait pas été dépouillée. Avec l'aiguille qui s'y trouvait, la jeune femme allait pouvoir crocheter ces bracelets métalliques. Ses yeux étaient rivées sur cet assassin. Un silence pesant s'installa dans la pièce. Mais aucune des deux ne daignaient démordre cet échange de regards glacial. Son ennemie se traina finalement jusqu'à elle, puis se figea à une vingtaine de centimètres de son visage.
« Contente de pouvoir te supprimer pour qu'il retourne gentiment dans l'anonymat alors. » Elle passa une main tendre sur la joue de sa future victime. Ce geste, Nine le prenait comme un affront. Une humiliation. Elle se foutait vraiment de sa gueule. Mais la blonde allait devoir ravaler son orgueil, parce qu'elle n'était pas exactement en position favorable. Mettre les nerfs de son bourreau à vif allait juste l'aider à creuser sa tombe un peu plus rapidement.
Encore juste un peu... « Oh à ta place je... » L'autre la coupa.
« Mais chérie, tu n'es pas à ma place. » Nine se tut, gardant toutefois un fin sourire sur ses lèvres. Ses mains se délièrent promptement. Elle envoya un poing valser dans la figure de la brune et profita de son étourdissement pour libérer ses pieds. La blonde évita de justesse un coup de couteau. Elles échangèrent une série de coups, jusqu'à ce que Dunhill réussisse à trouver une échappatoire. Elle n'était pas en mesure de lui faire face maintenant.
★★★
Elle était assise à une table ronde dans une robe blanche flambant neuve. Un banquet de charité. Ses bleus tuaient son putain de corps. Merci qui ? Merci Ross... Et accessoirement le maquillage. Les fonds de teint faisaient des miracles de nos jours. Nine était une figure publique plus ou moins reconnue. Elle devait donc entretenir son image... Et redoubler d'efforts pour ne pas paraitre trop suspecte aux yeux de la confrérie. En même temps, porter le nom Dunhill et passer inaperçu étaient deux notions antagonistes. Et laisser un assassin vivant sur sa route, ce n'était pas exactement
la solution pour maintenir sa double-identité secrète. Faire partie du conseil d'administration d'Abstergo Industries ne l'aidait pas spécialement à brouiller les pistes non plus. Soit dit en passant, ce banquet était d'un ennui mortel. La moitié du discours de Phineas venait d'endormir la salle. Au sens propre du terme pour certains des invités. Et dire que sa vie ne se résumait qu'à ça : banquets, discours, actions, gestion, ... Meurtres. Dans l'intérêt de l'humanité, certes. Finalement, elle s'en était convaincue au fil des années : sa cause était la bonne.
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