Don't look at me as if I was crazy

La scène se tenait dans une pièce dissimulée du bar de la chance, le repère secret des Assassins et de la Confrérie. Ivy sortait d'un bureau. Elle leva les yeux sur Matt, un confrère et ami. Son regard était noir, froid et pourtant ses yeux semblaient humides. Comme si elle avait pleurer. Mais Ivy avait cette faculté du paraître et l'expression de son visage semblait incohérent avec celui d'une jeune femme effondrée. C'était même tout l'inverse. Voilà seulement vingt quatre heures que son fiancé avait eu un accident. Voilà vingt quatre heures qu'il ne se souvenait plus d'elle, Tess Ivy Blue, a femme qu'il était censé aimer, qu'il avait promis d'aimer. Voilà un peu moins de vingt quatre heures qu'Abstergo Industries avait mit la main dessus, probablement pour tirer un maximum d'informations du recoin de son esprit où se cachaient ses souvenirs. Allaient ils en faire un agent ? Allaient ils le retourner contre la Confrérie ? Allaient ils apprendre tellement de choses que la destruction de leur caste n'était plus qu'une question de semaine ? Tant de questions incertaines pour leur avenir à tous.

Ivy soutint le regard de Matt. Elle semblait vider de toute humanité. Son regard meurtrier avait prenait tous ceux sur lesquels il se posait en otage. La jeune femme bouillonnait tout en cherchant à se contenir, et sa colère allait s'abattre sur le premier qui oserait l'emmerder. Elle s'arrêta à hauteur de son confrère. Elle sentait bien qu'il voulait savoir ce qui lui avait été dit là dedans, elle voyait bien que des questions lui brûlaient les lèvres. Elle croisa les bras sur sa poitrine, restant muette. Savourait elle le temps qui défilait en torturant l'esprit de Matt ou cherchait elle a gagner un maximum de temps pour s'éviter la réalité à laquelle elle devait faire face ? Personne ne pouvait voir combien elle était chamboulée, combien son esprit était devenu désastreux et chaotique, combien la jeune femme caractérielle s'était transformée en bombe à retardement. Tout était minutieusement dissimulé derrière un masque insensible, une carapace impénétrable, une coquille vide. Ses ongles vernis de noir et légèrement écaillés faisait une belle métaphore de son état émotionnel. Sombre et fissuré. Et dommage, ça ne part pas au dissolvant ces sentiments là...

« Qu'est-ce que tu regarde ? Je pensais pas que t'étais du genre commère. Si tu veux savoir : oui ça concerne Sean. ».

Elle brûlait d'en dire plus, brûlait de lui dire qu'elle n'hésiterait pas à le liquider. Mais elle savait que ce sympathique chieur qu'était son ami allait lui faire la leçon. Alors elle s'économisait du temps et de la tranquillité en attendant qu'il lui pose ses questions qui ne demandaient, elle en était certaine, qu'à sortir de sa bouche.