Mission sous tension ❞

« Tu es prête. Viens avec moi. ». Ces mots sonnaient comme une délivrance dans la bouche de Nine. Trois années d’entrainements et de sacrifices. Trois longues années semées d’embuches mais surtout de déceptions. Et voilà qu’on lui disait qu’elle était enfin prête. Elle crut d’abord à une blague de mauvais goût, ce n’était pas rare venant de son mentor. Mais cette fois, elle avait l’air sérieuse. Andy s’empressa de cacher son enthousiasme, mais elle garda la tête haute, fière du parcours qu’elle venait d’accomplir. Pourtant, elle n’avait pas encore atteint son but. Le sera-t-il un jour ? Arrivera-t-elle à faire ressentir toute la peine qu’elle a éprouvé, à l’assassin de son père ? Il le faut. Plus déterminée que jamais, Andy suivit Nine dans l’ascenseur sans un mot. Quand il s’arrêta, Andy jugea qu’elles étaient arrivées au dernier étage d’Abstergo Industrie, mais le mentor tapa une suite de chiffre sur le cadran situé en-dessous du bouton d’alarme. L’ascenseur se remit en marche un moment avant d’ouvrir ses portes pour laisser place à une immense salle bordée de baies vitrées gigantesques. Une table ovale, tout aussi surdimensionnée, prenaient quasiment toute la place. Des hommes et des femmes y étaient installés, comme s’ils les attendaient.

Après de brèves présentations, Nine lui demanda de s’asseoir. La salle s’assombrit et un écran géant descendit du plafond. Un des hommes prit la parole. « Il y a quelques mois, nous avons envoyé l’un de nos agent infiltrer l’Ordre des Assassins. Il était chargé de nous remettre des documents importants. Malheureusement pour lui, il a fui avec ces informations pour une raison inconnue. Ce traitre est, en ce moment même, en train de séjourner dans un des hôtels de Manhattan. ». Des photos de l’espion et de l’hôtel se succédèrent sur le grand écran. « Mademoiselle Gordon. Votre mission sera de vous rapprocher de Monsieur Mercer pour récupérer ces documents. Vous en profiter pour l’éliminer. Derrière vous se trouve tout ce dont vous aurez besoin. Nous espérons que vous serez à la hauteur de nos attentes. ». Andy déglutit. Jamais la pression n’avait été aussi grande. Elle se leva pour contempler son attirail : un tailleur gris, des clés, une réservation à son nom pour deux nuits et un glock 18 avec silencieux. Voyant qu’elle ne bougeait pas, Nine vint la rassurer. « Ecoute, c’est une mission facile pour toi. Tu le charmes pour qu’il te ramène dans sa chambre, tu le descends et tu récupères les documents, ok ? Tu es prête pour ça. ». Le fait que Nine répète cette phrase la mit en confiance. Andy rassembla ses affaires et s’en alla, gonflée à bloc.

Assise sur le lit depuis maintenant une heure, Andy n’avait pas bougé de sa chambre d’hôtel. Ses yeux n’arrivaient pas à quitter le flingue qu’elle avait posé sur la table de nuit. Elle doutait d’elle-même. Arrivera-t-elle à appuyer sur la détente ? Il fallait pourtant qu’elle prenne son courage à deux mains. Nine ne l’aurait pas envoyé ici si elle n’en était pas capable. Elle réajusta sa coiffure devant le miroir et sortit de la chambre, laissant derrière elle le pistolet. Elle fit le tour de l’hôtel à la recherche de l’espion et le trouva, non sans mal, dans un immense hall qui accueillait une piscine noire de monde. Assis au bar, il discutait avec un homme tout en buvant un verre. La jeune femme le suivit discrètement lorsqu’il semblait se diriger vers les toilettes. Elle n’avait pourtant aucune idée de la manière dont elle pouvait l’aborder. Mais sans doute poussée par l’adrénaline, elle eut une idée qui lui semblait brillante. Andy vida son sac juste devant la porte des toilettes pour hommes avant de s’accroupir, faisant mine de ramasser ses affaires. Quand Alex réapparu, il vint à son aide. Elle lui fit son plus beau sourire avant de le remercier. « Vous êtes charmant, c’est très gentil. Mais faites attention, je crois que votre femme est jalouse. ». Elle montra du doigt une jeune femme allongée sur un transat, qui regardait justement par là. La conversation était lancée et il l’invita finalement à boire un verre. Elle pensait que l’affaire était dans la poche jusqu’à ce que son téléphone sonne dans son sac. Andy prétexta un message du travail, ce qui n’était pas totalement faux en soi. Faire équipe avec un assassin, voilà ce que disait le texto. Qu’est-ce que c’était encore que cette histoire ? Elle n’avait besoin de personne, elle se débrouillait très bien toute seule. Et pourquoi un assassin ? La jeune fille garda son calme et son sourire auprès de sa conquête qui l’emmenait au bar. Et c’est là. Ce moment. Celui où autour de soi, tout ralentie. Elle le vit parmi la foule, marcher dans leur direction, le regard noir sans aucune expression, mais tellement beau. Toute sorte d’émotion la submergèrent ; la surprise, la colère, la haine mais aussi la joie et l’excitation de le revoir. Elle perdit le contrôle et l’homme avec qui elle était l’avait bien vu. « Je suis désolée, je ne me sens pas très bien. Si vous le permettez, j’aimerais qu’on se retrouve ce soir. Vous ne le regretterez pas. » lui glissa-t-elle à l’oreille avant de faire demi-tour.

Alors qu’elle se dirigeait vers sa chambre, toute bouleversée, Dameron la rejoignit. « Qu’est-ce que tu fous là ? » lui cria-t-elle dessus. « Ne me dis pas que je dois faire équipe avec toi ? » ajouta-t-elle. Faire équipe avec un assassin, ok. Faire équipe avec Dameron, là ce n’était pas possible. Non, elle n’arriverait pas à gérer. Et pourtant, peut-être que ça pourrait l’arranger. Elle se calma et lui demanda de venir avec elle dans sa chambre, en insistant bien sur le fait que c’était pour discuter d’un plan. Elle lâcha son sac par terre et balança ses talons dans un coin avant de faire les cents pas dans la pièce. « J’ai une idée. Je suis sûre que j’arriverais à entrer dans sa chambre ce soir. Là, je lui sors le grand jeu, je l’attache au lit et le tour est joué. Je te fais entrer, tu le bute et on en parle plus ! ». Andy s’assit à nouveau face au flingue. Elle n’aurait peut-être pas besoin de l’utiliser finalement.