★ you have to answersi tu es un citoyen : La vie est une histoire racontée par un idiot… La vie est aussi simple et inepte que cela pour Sunshine. Oh, n’allez pas imaginer que sa vie est sans intérêt, non. Mais elle est bien loin des templiers, des assassins et de tous les complots qui se trament dans l’ombre. Elle ignore tout de cela, ne s’en doute même pas et ne soupçonne rien. Elle se lève tous les matins pour aller travailler et profite de ces week-ends pour souffler et s’adonner à ses passions et ses loisirs. Une vie comme une autre, qu’elle accepte avec plaisir. C’est une femme qui aime bouger et elle fait beaucoup de sport. Elle connaît l’histoire, l’Ordre des Templiers, tout ça. Mais si elle venait à entendre parler d’un complot, elle aurait tendance à balayer cela d’un revers de main et à considérer qu’il ne s’agit que de foutaises de personnes paranoïaques. Si elle savait ! Elle ignore qu’elle a failli être victime d’hommes qui étaient des templiers. Lorsqu’elle s’est faite coincée dans la ruelle, il s’agissait de templiers. De plus, elle ignore également que l’homme qui obsède littéralement ses pensées est en réalité un assassin réputé. Comment pourrait-elle le savoir ?!
★ let me read you
Chapitre 1
► Sa philosophie de la vie, c'est qu'elle pouvait mourir à tout moment. Ce qu'il y avait de tragique selon elle, c'est qu'elle ne mourrait pas..
« Ce n’est pas ce soir, ton truc de jeunes ? »« Si, si. Ca s’appelle soirée d’intégration. »Mon père avait bredouillé un vague mot d’approbation avant de louer les bienfaits des amitiés de jeunes gens du même âge. Je ne l’écoutai déjà plus. Il s’imaginait certainement des petites soirées jeux de société et jus de fruit. Il était sacrément loin du compte. Comme tout ado qui se respecte, je m’étais bien gardée de le détromper. La soirée d’intégration était un rituel sacré, on n’y coupait pas. Ce n’était pas que j’adorais les soirées bien arrosées, non. Je n’y étais pas hostile non plus. J’étais une adolescente somme toute banale. J’étais assez solitaire et je tenais à mon indépendance. La pression du groupe ? J’ignorai ce que c’était. Lorsque quelqu’un me tapait sur le système, j’allais voir ailleurs. Je m’entendais d’ailleurs beaucoup mieux avec les garçons qu’avec les filles. Le lycée est un monde cruel. Les filles sont peau-de-vache entre elles. Une véritable cour avec sa reine et ses ouvrières. Très peu pour moi. N’allez pas imaginer que j’étais la caricature de l’adolescente mal dans sa peau, timide et rêvant de faire partie du groupe des greluches blondes et bien foutues sans en avoir aucun des attributs. J’étais plutôt jolie fille, je n’avais pas ma langue dans ma poche et j’avais tendance à me moquer ouvertement des pop-pop girls. Indépendance d’esprit que j’ai gardé et qui m’a toujours été bien utile.
« Et tu vas y aller…habillée comme ça ? »Je me contentais d’un haussement d’épaule assorti de cet éternel regard bovin de l’ado qui refuse de parler d’un sujet. Je me levais rapidement et après un vague salut à mes parents, je filai en direction de la maison de Jessy. Je n’ai ni frère ni sœur. C’est peut-être pour ça que je n’en ai toujours fait qu’à ma tête. Allez savoir.
« Regardez-moi ces grosses vaches. Toute cette cellulite, c’est dégueulasse. »Je savais que je n’aurai pas dû venir. Et j’en avais à présent la confirmation. Une dizaine de filles en sous-vêtements était alignée en rang à l’étage de la somptueuse demeure de Jessy. Les mecs et les filles plus âgées se trouvaient au rez-de-chaussée et huaient les bizutées. Jessy, un crayon noir dans la main, entourait les zones grasses de chaque fille, l’humiliait par une réplique bien sentie sur son physique. Je me tenais accoudée à la rambarde et, contrairement aux autres, je lui faisais face. Détendue, j’avais même l’air de m’ennuyer, ce qui était le cas. Nullement gênée d’être en petite tenue, je la dévisageais du regard lorsqu’elle se planta devant moi, son petit air suffisant sur le visage.
« Et vous avez vu celle-là ? Dis-moi, Sunny, ça fait quoi d’avoir le buste d’un garçon prépubère ? »« Tu t’es fait refaire le nez, Jessy ? »Elle se toucha le nez un bref instant, tandis que mon sourire amusé commença de l’inquiéter. Elle bégaya un bref instant que non, ce n’était pas le cas. Soudain, avec violence, je lui collais mon poing sur le dit appendice qu’elle allait, de facto, devoir se refaire. Faisant face à la foule, je brandis les bras vers le ciel en signe de victoire sur l’oppresseur. Après un flottement, les gens m’applaudirent comme ils avaient applaudi quelques minutes auparavant Jessy. La masse est stupide.
Chapitre 2
► Preuve est faite que visages dévots et pieuses actions nous servent à enrober de sucre le Diable lui-même..
« Tu crois que je devrais mettre la robe rouge ou la rose ? »Je jette un coup d’œil blasé à la tenue de mon amie Kim. J’ai une furieuse envie de lui dire que les deux donnent envie de gerber mais je me maîtrise. Kim a des côtés très sympas et d’autres qui m’horripilent. Son côté barbie notamment. J’étais âgée de 20 ans à l’époque. Mon bac en poche, j’avais fait mon entrée à la faculté de Management et Gestion. Passionnée par le sujet, je m’éclatais pendant les cours. Mais je ne bossais pas des masses. A cette époque de l’année, le bal de fin d’études était organisé, comme chaque fois. Occasion de boire, d’oublier les déboires de l’année écoulée et de rencontre l’âme sœur. J’y allais plus pour m’amuser à observer cette faune étrange qu’autre chose. Les premières années généralement n’y résistaient pas. On en retrouvait complètement éméchés le lendemain, dans des buissons en train de cuver.
« Et le collier bleu, ça ferait ressortir mes yeux, non ? »Je poussais un soupir ostensiblement audible. Allongée sur le lit de Kim, j’observais le ciel d’un air pensif. Toutes les poules allaient glousser en regardant Adam, le beau gosse de la promo et rien que ça, ça me rendait malade. Je ne connaissais pas Adam et je n’avais nulle envie de le connaître. Je ne pouvais rien faire comme tout le monde. Lorsqu’un mec était trop adulé par les filles, je le fuyais avec application. Vous avez dit contrariante ? Je détestais les playboys qui se la jouaient. J’en avais envoyé plus d’un sur la paille. A la fac, j’étais de toute façon cataloguée comme « la fille bizarre ». Et cela me convenait.
« Les boucles d’oreilles, ça va avec tu crois ? »« Kim, ton collier et tes boucles d’oreilles sont juste hideux. »Me connaissant bien, elle haussa les épaules d’un air contrarié avant de continuer à s’affairer. J’avais quant à moi, prévu une robe d’un classicisme outrageux. Les rires et les chants résonnaient dans la pièce dans laquelle nous étions. Les filles se regardaient en chien de faïence, commentant les vêtements, les coiffures et les bijoux. Kim avait déjà trouvé un cavalier et dansait en minaudant. Je me dirigeai lentement vers la terrasse, histoire de prendre l’air.
« Salut. »Je sursautai et me retournai. Un jeune homme se tenait devant moi, me regardant fixement. Je le reconnus sans mal. Adam.
« Tiens, tes groupies te laissent respirer quelques secondes ? »Il sourit plus largement, ce qui me surprit. Les beaux gosses dans son genre préfèrent les filles belles et stupides, c’est bien connu. Pas celles qui ont le sens de la répartie.
« J’ai réussi à leur échapper, oui. Ca me fait des vacances… »« C’est ça la rançon de la gloire, Super Mâle. »Il se mit à rire et un serrement de cœur inexpliqué me saisit. Allons, je n’allais pas me mettre à devenir greluche !
« Tu es bizarre comme fille, Sun »« Si tu veux dire par bizarre, différente de celles qui composent ton fan club, je prends ça pour un compliment. »Les heures passèrent et nous restions tous les deux, à parler de tout et de rien. Je m’étais assise sur le banc et lui à côté. En fait, il n’avait rien du mec prétentieux que j’imaginai. Il était même drôle. Je suis sûre que vous voyez le tableau. Sa main se posa d’elle-même sur ma cuisse tandis qu’il se rapprochait, ne me lâchant pas des yeux. Lorsque ses lèvres se posèrent sur les miennes, une vague de chaleur me submergea. Il venait de voler mon cœur. Et putain, ce que ça fait mal.
Chapitre 3
► Quand votre vie privée se désagrégera totalement, c'est que vous aurez mérité une belle promotion !.
Je sais ce que vous vous dites. Et vous avez raison, ça s’est exactement passé comme ça. On avait la vie parfaite. Je me suis installée avec lui. Tout allait bien dans le meilleur des mondes. Connerie d’y avoir cru…
« Non, mon chéri. Oh, je ne sais pas, 23h peut-être… Oui, je t’aime. A ce soir. »Je raccrochai le téléphone et me prit la tête dans les mains devant mon ordinateur. Il était tard au bureau dans lequel je bossais. J'avais été employée par la société Abstergo, et cela faisait maintenant deux ans que je travaillais là-bas. Je répondais au téléphone, organisait l'emploi du temps de mon supérieur et apportais les cafés.
Je jetais alors un coup d’œil à l’horloge. Il n’était que 22h. Décidément, c’était une bonne journée. J’allais même finir plus tôt. Il me tardait de voir Adam. Je saluai Karl qui me gratifia d’une vanne en dessous de la ceinture, comme à son habitude. Je lui répliquai du tac au tac avant de prendre ma voiture.
Je me garai plus haut dans notre rue avant de descendre et de marcher d’un bon pas vers l’appartement. Tiens, bizarre, la porte est entrouverte. Je pose la main et je pousse la porte.
« Chéri ? »Ce n’est qu’un murmure étouffé qui s’est échappé de mes lèvres, comme si j’avais pressenti ce que j’allais y trouver. Des bruits sourds me guident vers notre chambre à coucher. Et là… C’est le drame. Une blondasse tente de draper sa nudité dans mes draps. Et Adam se contente de balbutier, comme tous les crétins dans sa situation :
« Chérie, c’est… C’est pas du tout ce que tu crois ! »« Ah ? Mais oui, suis-je bête ! Vous n’êtes pas du tout en train de vous envoyer en l’air, c’est une variante du scrabble mais à poil ? J’y suis ? »Ils sont tous les deux pétrifiés, semblant penser que je vais exploser et tuer quelqu’un. Mon regard s’arrête sur la blonde. Un sourire s’affiche sur mon visage. Jessy. La pouffe de la fac. J’y crois pas. C’est pitoyable. Adam se rapproche de moi. Je lui crache au visage avant de vider les lieux. Putain ce que ça fait mal.
Chapitre 4
► C'est seulement quand on a tout perdu qu'on est libre de faire tout ce qu'on veut..
Vous vous demandez maintenant ce qu'il s'est passé ensuite ? C’est facile pourtant. Je me suis jetée à corps perdu dans le boulot. J’ai pris un appartement. Adam a bien tenté de me parler, de m’expliquer mais il n’y avait rien à expliquer. Et rien à pardonner. L’erreur, je n’y crois pas. On est tous libre de nos choix. Mais on doit assumer les conséquences, un point c’est tout. Venir pleurer après, non. Partir. Loin. A l’autre bout du monde, pourquoi pas. Oublier cette vie pourrie. Tirer un trait sur tout ça. Et puis disparaître. Mais non, ce n'était pas ce que je voulais. Mon travail me plaisait. Un quotidien tranquille où je ne risque plus de déception. Jusqu'à cette fameuse rencontre...
Il était tard et je rentrais chez moi. Je ne sais pourquoi, je décida de couper par des ruelles peu fréquentables. Mais la journée avait été longue et je n'avais aucune envie de me rallonger le trajet. La ruelle était déserte, seul le bruit de mes talons résonnait dans le silence. Quand soudain, un bruit léger attira mon attention. Plusieurs pas. J'accélère le rythme, inquiète. Mais rapidement, je m'arrête. Un homme se tient face à moi. Je le regarde, interrogative, le coeur battant. Il s'approche, n'ayant visiblement aucune intention de me laisser le passage. Je recule et soudain, je percute un des deux hommes qui s'étaient silencieusement rapproché de moi dans le fond de la ruelle. Je suis coincée. Le coeur battant la chamade, j'ai l'impression que je vais défaillir. Le premier larron m'attrape par le visage et murmure, sourire aux lèvres :
Regardez ça, les gars ! On est perdu ma jolie ? Ca tombe bien, on cherchait de la compagnie, moi et mes amis.Une main calleuse se colle à ma joue et la caresse. Tentant de me débattre, je crache violemment à la figure d'un des hommes. Un silence. Un temps d'arrêt. L'homme s'essuie lentement la joue avant de me regarder. Sourire mauvais aux lèvres. La claque part et me fait tomber au sol, mes talons se brisant, et le choc me sonne. Je sens un poids s'abattre sur moi, déchirant le côté de ma jupe. Je hurle, me débat mais je ne fais physiquement pas le poids. Les larmes coulent le long de mes joues. Quand soudain... Plus rien. Le poids s'est envolé et l'homme horrible est à terre, le visage en sang. Les deux autres ne sont guère en meilleur état. Que s'est-il passé ? Je me relève et aperçois un homme. Il me demande si je vais bien. Il me montre une plaque. C'est un policier.
Merci, merci, milles merci !Le soulagement. Un tel soulagement. Je me saisis de ses mains et les serre fort, j'aimerais le remercier tant et tant. Je semble même réussir à le mettre mal à l'aise.
Je ne pense pas être un dieu, madame, mais c'est charmant de votre part.Je le regarda un moment avant d'éclater de rire en même temps que lui. Il me raccompagne et je retiens son nom. Stanley. Depuis, ce nom m'obsède littéralement... Mais c'est sans compter sur la soeur de Stanley qui ne l'entend absolument pas de cette oreille... L'avenir ? On verra bien. Je finirai peut-être vieille fille, à 80 balais, dévorée par mes dobermans dans mon appartement. Elle est pas belle, la vie ?.