Samedi après-midi, 15 heures, j'étais en retard. Cela ne m'étonnait même plus, j'avais pour habitude de commencer un tas de choses en même temps puis d'oublier l'heure, persuadée que le temps ne passait pas vite. Raté. Ces derniers-jours j'avais pas mal de choses en tête et j'avais beaucoup de mal à oublier le retour de Matthew, ou du moins de ne pas y penser. Un tas de questions se posaient et je ne pouvais pas avoir de réponses. J'étais épuisée, incapable de tout assumer toute seule : Lou, le boulot qui me prenait énormément de temps, les courses, le ménage... Bref un tas de choses que les gens réussissaient à faire sans problème, mais pas moi. D'autant plus que je ne dormais plus, toujours trop stressée à l'idée que Matt ne débarque à nouveau.

Bref, j'avais donné rendez-vous à Naelynn à cette heure-ci dans un café à une dizaine de minutes de chez moi. Je n'en pouvais plus d'être enfermée à la maison, sortir, ne serait-ce qu'une petite heure en dehors des courses et du boulot allait me faire du bien. Enfin, je l'espérais du moins. La petite ne se sentant pas très bien, j'avais appelé sa baby sitter pour la garder cet après-midi, ne préférant pas la faire sortir pour qu'elle soit encore plus malade. Me dépêchant d'enfiler une veste, je sortais de l'appartement en vitesse après avoir embrassé ma fille et donnait quelques indications à la baby-sitter. Elle avait beau venir régulièrement, avoir l'habitude de garder Lou, je ne pouvais pas m'empêcher de lui dire deux ou trois choses avant de les laisser. On ne pouvait pas appeler cela de la peur, je savais qu'elle prendrait soin d'elle, mais j'avais besoin de le faire, comme pour prendre des précautions, comme ci elle avait pu tout oublier. Prendre la voiture ne servait à rien parce que d'une part je n'étais pas loin du lieu de rendez-vous et d'autre part en voiture le trajet sera plus long, je me dépêchais donc de me rendre au café, à pied. Arrivée, je cherchais des yeux Nae. Je ne mis pas beaucoup de temps à la trouver, je me dirigeais donc vers elle et tirant la chaise qui lui faisait face, je m'asseyais - ou me laissais tomber sur la chaise serait plus exact - oubliant même de la saluer. « Désolée, désolée, désolée... Vraiment désolée pour le retard. » J'ignorais depuis combien de temps elle était là, mais je détestais attendre et donc faire attendre les autres. Mais je m'étais excusée de nombreuses fois, je devais donc être pardonnée ? Non ? Petite pause, puis j'ajoutais juste à ce sujet : « J'espère que tu ne m'attends pas depuis longtemps ? » N'oublions tout de même pas les politesses. « Alors, comment vas-tu ? » Commençons par le plus simple. Puis si elle avait deux ou trois problèmes à me raconter cela m'arrangerait et me ferait oublier les miens, enfin pas que je lui souhaitais d'avoir des problèmes, mais... Je me comprenais.